Écrit par Tuwend Nooma Jean Damase (délégué du Burkina Faso) & Rafaella Espeçoto (déléguée du Brésil), Jeunesse de la 6ème Assemblée Générale du Parlement Mondial de la Jeunesse pour l’Eau.
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Du 18 au 25 mai 2024, les voix de la jeunesse mondiale ont résonné à Bali, en Indonésie. Tout au long du 10ème Forum Mondial de l’Eau, et dans le cadre de la 6ème Assemblée Générale du Parlement Mondial de la Jeunesse pour l’Eau – organisée par le Secrétariat International de l’Eau –, les jeunes délégués ont parlé pour l’eau, pour la paix et pour l’avenir de notre planète.
Le 10ème Forum Mondial de l’Eau, qui s’est tenu à Bali, en Indonésie, a offert une plateforme significative pour discuter des enjeux mondiaux de l’eau. Sous le thème « L’Eau pour une Prospérité Partagée », le forum a réuni près de 64 000 experts, décideurs et acteurs de l’eau de plus de 170 pays. Le forum s’est concentré sur six priorités : Sécurité et Prospérité de l’Eau, Eau pour l’Humanité et la Nature, Réduction des Risques de Catastrophes et Gestion, Gouvernance, Coopération et Hydrodiplomatie, Financement Durable de l’Eau, et Connaissance et Innovation.
Au cours des dernières années, le Parlement Mondial de la Jeunesse pour l’Eau (PMJE) a constamment souligné le rôle crucial des jeunes dans la mise en œuvre de pratiques de gestion durable de l’eau. Lors de sa 6ème Assemblée Générale, organisée par le Secrétariat International de l’Eau avec le soutien de la Coopération Suisse au Développement, de l’Agence de l’Eau-Artois Picardie et de WaterAid, et tenue en conjonction avec le Forum Mondial de l’Eau, nous, plus de 85 jeunes de 55 pays, avons réaffirmé notre engagement à relever les défis interconnectés de l’eau, de l’assainissement et du changement climatique. Convaincus que la crise climatique est aussi une crise de l’eau, nous avons appelé à l’intégration de la gestion des ressources en eau dans les politiques d’adaptation au changement climatique et de renforcement de la résilience.
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Notre manifeste exigeait une plus grande implication des jeunes dans les processus décisionnels, affirmant qu’ils apportent des solutions innovantes et une vision à long terme essentielles pour aborder ces enjeux. Nous avons également plaidé pour le renforcement des politiques et des investissements pour garantir un accès universel à l’eau et à l’assainissement (EAH), en mettant l’accent sur l’équité de genre et l’inclusion des communautés indigènes et locales. En outre, nous avons recommandé des solutions climatiques résilientes qui tirent parti des connaissances communautaires et réduisent les barrières bureaucratiques pour faciliter la mise en œuvre des projets EAH. Le renforcement des capacités est crucial pour mobiliser des ressources dans certains pays du Sud. Par conséquent, nous appelons à renforcer les capacités des pays pour accroître la mobilisation du secteur privé et des fonds innovants (Fonds Vert pour le Climat, Fonds d’Adaptation, et Fonds pour les Pertes et Dommages). De plus, des mécanismes de financement endogènes tels que la Contribution au Financement de l’Eau (CFE) du Burkina Faso sont nécessaires car ils permettent le financement de projets locaux.
Succès et Défis du 10ème Forum Mondial de l’Eau
En tant que participants représentant différents pays et horizons, nous avons trouvé le forum à la fois inspirant et exigeant.
Jean Damase : En tant que représentant du Burkina Faso, et du Parlement de la Jeunesse pour l’Eau du Burkina Faso, j’ai trouvé le Forum à la fois inspirant et exigeant. D’une part, le Forum a réussi à réunir divers acteurs, y compris les jeunes, pour discuter et s’engager dans des solutions concrètes. La qualité des sessions et les efforts pour impliquer les jeunes étaient particulièrement encourageants. Plusieurs initiatives, telles que le Plan Jeunesse de Bali, l’initiative du Représentant de la Jeunesse de Bali, et l’Espace Jeunesse, ont permis aux jeunes de s’engager activement dans le processus.
Rafaella : Représentant le Brésil, un pays qui détient un pourcentage significatif des ressources mondiales en eau douce mais qui fait face à de nombreux défis EAH en raison du changement climatique, j’ai trouvé les discussions sur la résilience climatique et l’inclusion des populations vulnérables extrêmement importantes. Le Brésil a récemment connu des sécheresses et des inondations extrêmes, comme les graves inondations dans le Rio Grande do Sul, qui ont laissé de nombreuses personnes sans abri et sans accès à l’eau potable. Ces événements soulignent la nécessité urgente de politiques robustes et d’investissements pour garantir que toutes les communautés, en particulier les plus vulnérables, puissent accéder à une eau sûre et à l’assainissement même face aux adversités climatiques. Il est crucial que nous prioritisions des solutions innovantes et inclusives pour renforcer la résilience contre ces défis.
Plusieurs sessions ont mis en lumière des initiatives dirigées par des jeunes et des histoires poignantes. Comme Lamis Qdemat, déléguée du Parlement Mondial de la Jeunesse pour l’Eau de Palestine, l’a déclaré de manière poignante : « Ce n’est pas seulement contre les gens, mais aussi contre l’environnement. Il y a de la pollution, créant de nouveaux problèmes environnementaux », appelant à arrêter l’armement de l’eau. Ces exemples porteurs d’espoir soulignent l’importance de renforcer davantage le rôle des jeunes dans les sphères décisionnelles, ainsi que dans les mécanismes de diplomatie de l’eau et de résolution des conflits.
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Cependant, il y a eu aussi des moments de frustration. Comme l’a noté le professeur Toshio Koike du Centre International pour la Gestion des Risques et des Risques liés à l’Eau (ICHARM) dans ses remarques de clôture lors de la session « Optimiser le Financement, la Gouvernance, le Renforcement des Capacités et les Arrangements Institutionnels pour Réduire les Risques de Catastrophes liées à l’Eau » : « Tous les problèmes liés à l’eau, ainsi que les solutions pour y mettre fin, sont connus. Nous devons donc avoir le courage d’agir ». Nous partageons pleinement ce point de vue. Le temps presse. Il ne nous reste que six ans pour atteindre les objectifs de l’ODD6, et il reste beaucoup à faire. Espérons que ces grandes réunions et les fortes recommandations qui en émergent auront un impact tangible et positif sur la vie des communautés et la durabilité de la ressource.
Bien que le Forum ait ouvert la voie à des initiatives prometteuses, le défi reste de transformer ces engagements en actions concrètes et en résultats, intégrant véritablement les perspectives et le leadership des jeunes.
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Regards vers l’Avenir : Événements et Opportunités à Venir
En prévision des processus à venir tels que les 60èmes sessions de l’Organe Subsidiaire de Mise en Œuvre de la CCNUCC à Bonn, le Sommet One Water, la COP29, et la Conférence des Nations Unies sur l’Eau en 2026, nos espoirs et attentes sont élevés. Nous anticipons que ces processus offriront de nouvelles opportunités pour faire avancer nos appels à l’action sur l’eau. Lors de la réunion climatique de Bonn, nous espérons voir des progrès dans le renforcement du lien entre l’eau et le climat, ainsi que l’achèvement des arrangements institutionnels pour l’opérationnalisation du Fonds pour les Pertes et Dommages. Nous espérons également des engagements plus forts pour intégrer des Solutions Basées sur la Nature (SbN) dans les stratégies de réduction des risques de catastrophes et la planification urbaine, garantissant que les pratiques de gestion de l’eau soient durables et résilientes.
Nous, la jeunesse, plaiderons en amont dans nos pays et avec les négociateurs pour promouvoir ces positions et assurer le suivi des engagements pris. Au-delà du plaidoyer, nous voulons être à la table des négociations.
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Le Sommet One Water et la COP29 représentent des moments critiques pour pousser à la mise en œuvre des engagements mondiaux pris au 10ème Forum Mondial de l’Eau. De plus, le sommet du G20 représente un moment stratégique pour pousser les plus grandes économies mondiales à investir dans des solutions EAH durables et équitables, en tirant parti de l’implication du secteur privé et des mécanismes de financement innovants pour relever les défis climatiques urgents auxquels sont confrontées les communautés vulnérables.
Notre principale préoccupation est que l’élan généré par ces forums ne se traduise pas par des actions soutenues. Nous sommes également préoccupés par la possible exclusion des communautés marginalisées dans ces processus. L’eau doit enfin devenir le levier de paix qu’elle aurait dû être.