Conférence des Nations unies sur l’eau 2023 – influence de la société civile et de la jeunesse

Du 22 au 24 mars 2023 s’est tenue la première conférence onusienne sur l’eau depuis près de 50 ans, au siège des Nations Unies à New-York. Occasion exceptionnelle de plaider en faveur de l’avancement des questions liées à l’eau et à l’assainissement, le Secrétariat international de l’eau (SIE) a joué un rôle essentiel en mobilisant, catalysant et soutenant les voix des acteurs de changement les plus touchées par les problèmes liés à l’eau, notamment les femmes, les jeunes et les communautés autochtones. Travailler conjointement avec la société civile et les jeunes acteurs de l’eau pour insuffler des changements systémiques à la gouvernance de l’eau est un élément central de la stratégie du SIE depuis plus de 30 ans.


Lors de cet événement d’envergure, ce sont plus de 10 000 personnes qui se sont réunies et ont assisté à plus de 500 événements parallèles, aux sessions intergouvernementales et événements spéciaux en présence de 8 chefs d’Etats, 6 chefs de gouvernements et plus de 100 ministres et parlementaires.

L’influence du SIE, de la jeunesse et de la société civile

Grâce à l’autonomisation et à l’amplification des voix de centaines d’organisations de la société civile (OSC) et de milliers d’individus du monde entier, le SIE a su influencer les débats de la conférence, mettant les questions liées au renforcement de la gouvernance mondiale sur l’eau, à l’eau et la paix et à l’inclusion des jeunes et de la société civile dans les processus décisionnels, au cœur des enjeux discutés.

Le SIE comme catalyseur de la jeunesse pour l’eau

En reconnaissance du rôle unique du SIE auprès de la jeunesse, nous avons été invités par les Nations Unies à être l’organisation principale responsable de l’implication et de la mobilisation de la jeunesse.

Dans la période précédant la Conférence, le SIE a travaillé collectivement avec les centaines d’organisations du Mouvement global de la jeunesse pour l’eau – recensant +370 organisations jeunesse – pour maximiser l’influence et l’impact des jeunes sur les résultats du processus. Après des années de fragmentation significative de la jeunesse dans le domaine de l’eau, le SIE a réussi à rassembler les voix de ces organisations et de leurs alliés, leur permettant de transmettre des messages communs au plus haut niveau.

Avant et pendant la conférence, et avec le soutien du SIE, le Mouvement global des jeunes pour l’eau a fait connaître sa présence par le biais d’un certain nombre d’activités, de processus et de dialogues.

La campagne de communication mondiale « #FillUpTheGlass » visait à partager les principales priorités des jeunes. Cette campagne a été conçue par, pour et avec les jeunes, en mettant en avant leurs perspectives et en plaidant pour que leurs voix soient entendues. Grâce aux réseaux sociaux et aux médias traditionnels, la portée totale de la campagne peut être estimée à +200 000 personnes.

Ces efforts ont abouti à une participation significative des jeunes et à la présentation de leurs priorités tout au long de la Conférence de l’ONU sur l’eau. Les deux messages qui ont été particulièrement bien transmis par les jeunes lors de la conférence concernaient l’inclusion systématique des jeunes dans les mécanismes, les négociations et les décisions liés à l’eau (#303030) et la demande de création d’un organe permanent au sein des Nations Unies pour relever les défis liés à l’eau, comprenant divers représentants de la jeunesse tels qu’un Envoyé des Nations Unies pour la jeunesse sur l’eau.

Le Secrétariat international de l’eau (SIE) reste engagé aux côtés du mouvement de la jeunesse pour l’eau. Les jeunes ne sont pas seulement ceux qui subiront les conséquences des choix d’aujourd’hui, mais ils sont aussi les catalyseurs qui inspirent tout le monde à contribuer à la préservation d’une planète bleue pour tous.

Les organisations de la société civile mobilisées par le SIE

S’agissant d’une occasion unique de rassembler les États et la communauté internationale autour de notre ressource la plus précieuse et la plus limitée, l’eau, et de nous donner la possibilité de résoudre la crise de l’eau, la coalition d’ONGs du Butterfly Effect s’est mobilisé pour faire bouger les lignes et influencer les résultats de cette conférence.

Bâtissant sur les positions portées lors du Forum mondial de l’eau de Dakar (Sénégal, mars 2022), la coalition a diffusé largement ses recommandations pour renforcer la gouvernance mondiale de l’eau, appelant à un leadership politique fort pour répondre à la crise de l’eau. Les positions du Butterfly Effect auront pu être largement diffusées en amont et pendant la conférence lors de différentes sessions et réunions avec des acteurs stratégiques, notamment à différents ministres et parlementaires, au Secrétaire Général des Nations Unies, aux délégations de gouvernements (hollandais, français, allemand, l’Union Européenne, l’Afrique du Sud, Mexique, Colombie, Bolivie et Sénégal…) ; au Rapporteur spécial sur les droits des personnes indigènes ; au Rapporteur spécial pour les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement ; au Chef du bureau des droits de l’homme à New York ; tout comme à de nombreuses parties prenantes.

Certains des messages de plaidoyer de la coalition auront été repris au plus haut niveau, du moins partiellement, tels que la demande d’établissement de réunions intergouvernementales régulières sur l’eau au sein de l’ONU ; la création d’un poste d’Envoyé spécial sur l’eau auprès du Secrétaire Général des Nations Unies et l’établissement d’un nouveau système d’information global sur l’eau.

L’un des évènements forts de la participation du Butterfly Effect à la Conférence de New-York aura été la préparation et la participation au side-event organisé par le gouvernement du Pérou intitulé From Mar del Plata to the UN 2023 Water Conference ; where do we go ? Avec la participation de représentants de la société civile, de la jeunesse, des délégations du Pérou, du Sénégal, de la Commission Européenne et du secteur privé (AquaFed), cet évènement, qui a rassemblé une centaine de participants, aura notamment permis d’entamer le dialogue entre différents acteurs clés sur le besoin de renforcement de la gouvernance internationale de l’eau.

Le Butterfly Effect a également été signataire du manifeste conjoint de la société civile, endossé par plus de 450 organisations et auquel le Secrétariat a contribué à la rédaction du paragraphe 9 portant sur la gouvernance mondiale de l’eau.

Présenté lors d’une soirée de networking en amont de la Conférence, le manifeste a notamment été remis à Pedro Arrojo – rapporteur spécial aux droits humains à l’eau potable et l’assainissement aux Nations Unies, José Francisco Calí Tzay – rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones aux Nations Unies, et Nathalie Olijslager – directrice de programme Conférence des Nations unies sur l’eau New York 2023 du gouvernement des Pays-Bas. Ce manifeste a été par la suite présenté en session plénière lors de la Conférence des Nations Unies par Pedro Arrojo.

Le Butterfly Effect à la Conférence onusienne sur l’eau en bref

  • 17 membres mobilisés à New York
  • 1 Policy Paper contenant les demandes de la société civile
  • 1 contribution au Water Action Agenda,
  • 2 contributions aux consultations mondiales,
  • 1 contribution à la note de concept du dialogue interactif 5
  • Participation à la réunion préparatoire New-York en octobre 2022
  • Participation à différents groupes de travail pour une meilleure coordination des organisations de la société civile
  • Renforcement des synergies avec la jeunesse – partie intégrante de la société civile
  • Organisation de deux ateliers d’information en ligne
  • Partage d’information régulière (newsletter et publications sur les réseaux sociaux)
  • Dialogue régulier avec différentes parties prenantes (États membres, secteur privé, organisations de la société civile, etc.)
  • Synergies renforcées avec les délégations de nombreux acteurs internationaux en faveur du renforcement de la gouvernance internationale de l’eau tels que la Commission Européenne, les délégations du Sénégal, du Pérou et de la France.

Résultats de la conférence

Ayant été voté à l’avance que rien de contraignant ne ressortirait de la conférence, le principal résultat de cette dernière consiste en un programme d’action pour l’eau – Water Action Agenda – recensant plus de 800 engagements volontaires des différentes parties prenantes. Cependant, aucune information n’a été communiquée quant au suivi de ces engagements et une majorité d’entre eux ne disposent pas de financement adéquat, d’objectifs quantifiables et de l’action transfrontalière nécessaires pour relever véritablement les défis liés à l’eau.

Le Tadjiksitan – co-host de la Conférence – a annoncé sa volonté d’organiser la prochaine Conférence des Nations Unies sur l’Eau en 2028 et de nombreux pays (+150) ont à nouveau affiché leur soutien à la création d’un poste d’envoyé spécial des Nations Unies sur l’eau auprès du Secrétaire Général des NU et certains engagements financiers pour soutenir le travail de cet envoyé spécial ont été annoncés par l’Allemagne, la Suisse et la France.

Ces progrès timides sur la structuration d’une gouvernance mondiale de l’eau permettent d’affirmer que cette conférence aura fourni un cadre précieux pour une mobilisation importante sur ces thématiques, mais que beaucoup reste encore à faire.

Conclusion

Bien que la conférence ait permis de recueillir un nombre important d’engagements volontaires et de sensibiliser le monde aux questions liées à l’eau, certaines incertitudes persistent quant à l’impact réel de l’événement. Des cadres adéquats de suivi et d’évaluation seront-ils mis en place pour garantir le respect des engagements proposés ? En outre, comment cette conférence contribuera-t-elle effectivement à améliorer la gouvernance mondiale de l’eau ? Ces questions soulignent la nécessité d’une feuille de route claire pour mesurer les progrès et garantir une participation et une représentation significatives des jeunes et de la société civile dans l’amélioration de la gouvernance de l’eau au niveau mondial.

Si cette conférence aura ouvert de nombreuses portes, le travail qu’il reste encore à faire pour aboutir à des engagements concrets et un renforcement de cette gouvernance internationale est conséquent. La crise globale de l’eau ne pourra trouver ses solutions que dans des actions et des décisions partagées à tous les niveaux.

Le SIE poursuivra donc sa mobilisation au travers de ses réseaux partenaires et continuera de développer son plaidoyer en cohérence avec les prochaines échéances internationales telles que le Forum Politique de Haut Niveau du mois de juillet 2023, l’Assemblée Générale des Nations Unies de septembre 2023 et le Forum Mondial de l’Eau de Bali en 2024.

À l’approche du Sommet de l’avenir de 2024, qui vise à renforcer la coopération sur les défis cruciaux et à combler les lacunes de la gouvernance mondiale, et avec la création du tout premier Bureau de la jeunesse des Nations unies, le moment est venu de de poursuivre les efforts entrepris dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2023. Il est impératif de veiller à ce que le rôle des jeunes et des représentants de la société civile dans la réalisation de l’objectif de développement durable n° 6 soit non seulement reconnu, mais qu’il reçoive également l’attention et le soutien qu’il mérite.